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Un point. C’est tout.

 

 

 

Au bleu du ciel, j’apostrophe les oiseaux

Parenthèse à ton rire Printemps

 

Au jeu de l’amour, je voudrais jouer

Virgule au cri des enfants

 

Au creux  de l’oreille je voudrais te dire

Deux points :

Cascade de sang  aux tempes…

 Trait d’union du cÅ“ur

 

Oh ! Point, point d’interrogation

 

Au doigt de ta main, point d’exclamation

Je voudrais mettre un anneau rond

Point de suspension

Respiration.

 

 

Mémoire

J’ai mémoire d’un tableau noir

Où s’inscrivaient mes vieux rêves

D’alphabet

 

Apprendre à deviner les signes

 

A comme Amour

A comme Amour

 

Après ça, je ne sais plus

 

Après ça, il a plu

Et tout s’est effacé

A comme Amour

Un jour

 Dans ma mémoire

Noire des lettres de l’alphabet

 

Je ne sais plus

 

 

Tsigane

 

Son violon, c’était son souffle

Une vie, la patrie, des ailes

Son violon, c’était l’abri

Un frère un peu, une fleur

Rose des vents et rose cœur

Qu’il trimbalait sur la terre

 

Son violon, c’était la source

C’était la bourse et la vie

C’était l’immensité

C’était sa mère

Qu’il aimait sur la terre.

 

Son violon, c’étaient ses mains

C’étaient ses yeux, sa caresse

Son violon, c’était son cri

C’était sa poésie à lui

Qu’il aimait sur la terre

Quand des soldats l’ont détruit.

 

Alors, chantant en Paradis

Les anges qui gardent la porte

Ont pris le violon de l’étui

Ont réparé son âme morte

Et puis, en rond, se sont assis

Autour du tzigane. 

 

 

Je voulais te dire

 

Je voulais te dire

Que tes mains sont faites d’ivoire

Que tes lèvres sont deux cerises

Que tes cheveux sont de geai noir

Mais la dame au café a pris notre commande

Nous avons donc mangé des choux

Et deux morceaux de gâteau aux amandes

Puis nous sommes rentrés chez nous.

 

Je voulais te dire

Que tes yeux ont l’éclat des braises

Que ton rire est cristal qui tinte

Que ta démarche est  javanaise

Mais la boutique jaune où nous étions entrés

Avait tant de si belles choses

Que nous avons choisi puis hésité

Entre le blanc et le vieux rose

 

Je voulais te dire

Les étoiles sont si  nombreuses

Que je les compterai pour toi

Et  je t’offrirai Betelgeuse

Mais le jour lentement  a laissé voir là-bas 

Dans le sable blond de la plage

Dessiné  depuis l’ombre de nos pas

Un serpent  le long du rivage

 

Je voulais te dire

Que tes mains sont  faites d’ivoire

Que tes lèvres sont….que tes lèvres

Que tes cheveux… tes yeux… le soir,

Mais nous avons parlé de toi, de moi, de nous

De la pluie, du bruit, du silence

Des oiseaux de nuit, de la peur du loup

De la musique et de la danse

 

 

Je voulais te dire

Des poésies et des chansons

Qui disent  mieux ce qu’il faut dire

De mon amour, de ma passion

Mais nous avons tant dit, tant dit pendant ces heures

En regardant  le ciel et  l’eau

Qu’il est bien tard maintenant. Dis, tu pleures

Je voulais te dire…il fait beau.

 

 

 

 

Si tu voulais m'aimer, Madame

 

 

 

Si tu voulais m’aimer, Madame

Je voudrais être ton auto

Riche de cuivre et de nickel

Conduite par un hidalgo

Stylé comme un maître d’hôtel.

Sur des coussins de cuir tendus,

Languissante et déjà pâmée,

Tu vanterais ma retenue

A tes amants d’une journée.

 

 

Si tu voulais m’aimer, Madame,

Je voudrais être petit chien

Cherchant maîtresse aimante et douce,

 Une folie pour presque rien

Mille francs or et puis le pouce.

Un nœud rouge entre les oreilles

Vivant à hauteur de sandales

Je serais le chien de la vieille

Chien de salon, chien de scandale

 

 

 

Si tu voulais m’aimer, Madame

Je voudrais être bibelot

De Saxe, Limoges ou bien Sèvres

Que tu montrerais aux vieux beaux

Qui te préfèreraient tes lèvres

Et sur mon cou de porcelaine

Je sentirai tes doigts bagués

Frémissant d’une envie malsaine

De bas en haut me caresser

 

 

Si tu voulais m’aimer, madame

Je voudrais être ton langage

Verbe choisi et voix pointue

 Bien que chevrotant avec l’âge

Je lui donnerai tes vertus

Quand tes yeux révulsés d’extase

Diraient  d’un ami l’attention

De s’exprimer par périphrase

Galatée, c’est moi Pygmalion

 

 

Si tu voulais m’aimer, Madame

Heureusement que l’Amour

Du seul désir vient t’exciter

Car j’aurai peiné bien des jours

Pour te combler à satiété

Ma raison d’être en ta présence,

Etre ce que je ne suis pas

Suffit à tes intempérances

Et me laisse libre de moi,

 

Puisque tu veux m’aimer, Madame. 

 

 

CE PAYS D’OÙ JE VIENS

 

D’abord un ciel d’azur et puis quelque nuage

Passant, deux, trois éclairs, et tout à coup l’orage

Sur un grand champ de blé, après le pâturage

C’est au pays du Chat botté et de l’image

 

Plus loin, du bois dormant où la belle sommeille

Sort un lapin farceur qu’une Alice réveille

Et m’invite à la suivre entre conte et merveille

Quand l’oiseau met le loup avec le lion en cage

 

C’est un pays charmant où la nuit vaut le jour

Grimant les peurs d’enfant en sentiments d’amour,

De joie tranquille aussi et d’ombres tout autour

Avec des reflets bleu, et du mauve, et du rose

 

Ce pays est le mien, celui que je fréquente

Celui qui me nourrit, qui m’abrite et me tente

Ou tout bonheur se trouve et se donne et m’enchante

C’est le pays refuge où vit l’imaginaire

Dans lequel je renais sans cesse à sa lumière

Mon pays…Mon enfance

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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