UN MOT ! EST-CE ASSEZ POUR TOUT DIRE ?
— Donne-moi une heure, rien qu’une heure, avait-elle dit.
L’heure… Ah ! Ce mot !
Premier qui nous enferme et toujours nous condamne, puis ultime, nous sépare.
De quart en quart, de demie en demie, l’heure est chaude, attendue, charnelle, tardive, l’heure est ce temps qui nous manque, ce temps qui fuit, ce temps perdu.
Elle avait dit :
— Une heure…
Et deux heures sont déjà passées.
L’heure n’est plus à l’attendre, l’heure est à la raison, raison de l’heure, irréductible, égrenant ses minutes jusqu’aux trois quarts de son Tout encore possible.
Jusqu’à moins le quart, prendre patience, à la bonne heure !
Toute une heure encore écoulée, l’air de rien. Une heure à peine.
À peine, c’est cela qu’il faudrait ajouter.
— Ne dis rien. Pas ce mot. Viens à ton heure, je t’attendrais… Ton heure alors sera mienne,
Pour que le temps n’existe plus, quand il suffira que tu m’aimes.