PLAISIRS D’AUTOMNE
Dans les premiers jours d’octobre, alors que la nature…
la première dictée…
C’était la rentrée, celle d’Anatole France, qui s’ouvrait, toute de couleur, à l’éveil des enfants. C’était la nôtre encore, toute aussi chatoyante, rousse, jaune, rouge, verte aussi sur le chemin de l’école que de grands marronniers jalonnaient.
Ah, ce plaisir interdit que nous partagions alors d’envoyer le pied dans les feuillages tombés à terre, de botter l’un après l’autre les marrons d’Inde jonchant le parcours, de se vautrer de tout son long sur les hauts tas de feuilles que les cantonniers, à petits coups de balai de bruyère, bâtissaient tous les vingt mètres avec conscience, comme de méchants bonheurs.
Jamais ce trajet ne fut triste, jamais ce parcours ne fut long.
La pluie même ajoutait au plaisir joyeux des sens ces senteurs d’humus et de champignon que le soleil, revenu, aigrissait.
Le nez piqué d’acide, nous étions tous morveux devant le maitre.
Venait alors la séance du mouchage. Quelque part, cette odeur dans le tissu de coton, maternelle, sentant le propre et la maison, rassurait. Le mouchoir, un trésor qu’il ne fallait pas perdre. Avant de l’enfouir à nouveau tout au fond de la poche, certains le repliaient proprement quand d’autres, sans plus de cérémonie, en boule poisseuse, des deux mains le froissaient.
C’était un temps ancien, un temps heureux. C’était l’automne, celui-là même qui me revient, exclusif, unique, mon automne, à nul autre pareil.