Un papillon

Saisir l’instant. Comme si l’instant seul suffisait.

Et le saisir ! Comment ? Par où ?

Et le garder ?

Le saisir et puis quoi ? L’épingler, l’étiqueter, le mettre sous cloche, trait de vie fugace et coloré dont le battement s’est arrêté.

Oh, cet instant où l’envie se satisfait de si peu et de tant.

L’instant doux me dites-vous ?

Quelle douceur quand déjà, elle s’enfuit, glissant entre les doigts fantomatiques que votre esprit allonge ?

Et quel réveil que ce souvenir qui maintenant vous condamne à l’ennui !

Un autre instant ? D’autres encore ?

Qu’était-il donc, celui déjà passé qui vous a fait frémir ? Rien ? L’oubli aussi ?

Un instant chasse l’autre et le temps disparaît.

J’ai cru cueillir ces secondes si pures pour les mettre dans mon panier, mais mon panier ne les pas gardées. Les secondes se sont envolées.

Il reste quelques poussières grises autour de l’épingle…Une étiquette décolorée…Rien.